Web de données§

Motivation et historique§

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(Source image : Wikipedia)

Le Web vu par Tim Berners-Lee (1989)§

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Source image : CERN

« Vague, but exciting »

Note

On présente souvent le Web initial comme un web « des documents », par opposition à ses évolutions ultérieures (web social, web sémantique...), mais on voit dans cette figure que lesdites évolutions étaient déjà en puissance dans l’idée de départ.

Web de ressources§

Le web est constitué de ressources, par exemple :

  • le bulletin météo du jour pour Lyon
  • le bulletin météo du jour pour le lieu courant
  • ma commande de café de jeudi dernier

Chaque ressource est identifiée par un IRI (Internationalized Resource Identifier), e.g.:

⚠ Ressource ≠ fichier§

Une ressource n’est pas un simple fichier, dont on récupèrerait le contenu. Elle est un objet actif, avec lequel on interagit.

  • le bulletin météo du jour pour Lyon :

    → son état change chaque jour

  • le bulletin météo du jour pour le lieu courant :

    → son état dépend de plus du contexte de l’utilisateur

  • ma commande de café de jeudi dernier :

    → on peut agir dessus (par exemple pour l’annuler)

Parenthèse : URL/URI/IRI§

  • URL: Uniform Resource Locator (RFC 1738, 1994)
  • URI: Uniform Resource Identifier (RFC 2396, 1998)
  • IRI: Internationalized Resource Identifier (RFC 3987, 2005)
  • technologies successives
  • même concept

Ressources et représentations§

  • Une ressource n’est jamais manipulée directement, mais toujours à travers des représentations (pour la créer, la consulter, la modifier).
  • Les représentations d’une ressource peuvent varier en fonction
    • de son état
    • de l’agent qui manipule la ressource (négociation de contenu, contexte)
représentation : utilisable par :
texte (HTML...) humains, moteurs de recherche
médias (image, son...) surtout humains
données structurées machines

De HTML à XML§

XML (eXtensible Markup Language) a été recommandé par le W3C en 1998. L’objectif était de pallier la sémantique « faible » de HTML.

<!-- HTML -->
<a href="http://champin.net/">
  Pierre-Antoine <strong>Champin</strong>
  (<em>Maître de conférences</em>)</a>
<!-- XML -->
<Person homepage="http://champin.net/">
  <givenName>Pierre-Antoine</givenName>
  <surname>Champin</surname>
  <job>Maître de conférences</job></Person>

XML et la sémantique§

On a dit tout et son contraire l’apport sémantique de XML :

  • XML a plus de sémantique que HTML,
  • XML a moins de sémantique que HTML,

Les deux ont leur part de vérité.

XML a plus de sémantique que HTML...§

... dans le sens ou il est extensible : on peut donc exprimer des choses que HTML ne permet pas d’exprimer (e.g.``<givenName>``).

  • Importance des espaces de noms, qui évitent les collisions de noms et fournissent ainsi une sémantique « structuraliste » (i.e. par différenciation).
<Person xmlns="http://xmlns.com/foaf/0.1/"
        xmlns:pro="http://example.com/"
     homepage="http://champin.net/">
  <givenName>Pierre-Antoine</givenName>
  <surname>Champin</surname>
  <pro:job>Maître de conférence</pro:job></Person>

XML a moins de sémantique que HTML...§

... dans la mesure ou :

  • un navigateur standard ne saura pas quoi faire de la balise <givenName> ou de la balise <ονομα>,
    • tout au plus il saura les afficher s’il possède une feuille de style,
  • tandis qu’il connaît la sémantique de la balise <em> : elle dénote un texte à mettre en évidence selon les moyens dont il dispose, par exemple :
    • en le mettant en italique (standard)
    • en le mettant en gras (police déjà en italique)
    • en le mettant en couleurs (police sans italique, terminal)
    • en marquant une pause (synthèse vocale)

XML : apports et limitations§

Le surplus de sémantique promis par XML n’est donc pas « magique » : il suppose

  • de créer de nouveaux langages basés sur XML (DTD, schémas),

  • d’écrire les logiciels qui interpréteront ces nouveaux langages,

    → chaque langage reste relativement idiosyncratique.

XML : apports et limitations (suite)§

L’apport est donc essentiellement technique : la base commune de XML permet de factoriser les efforts de développement et d’apprentissage :

  • analyseurs syntaxiques (parsers),
  • langages de schémas (DTD, XML-Schema, Relax-NG...),
  • langages de requêtes (XPath, XQuery),
  • langages de transformation (XSL-T),
  • méthode de signature cryptographique (xmldsig),
  • methode de compression (EXI)...

De XML à RDF§

  • Le modèle sous-jacent de la syntaxe XML est un arbre (XML Infoset), ce qui n’est pas adapté à la structure décentralisée du Web.

  • L’objectif du Resource Description Framework (RDF), recommandé par le W3C en 1999, vise à munir le Web d’un modèle de données plus adapté, ayant une structure de graphe.

  • L’objectif est de construire le Semantic Web : un web dans lequel les machines ont (enfin) accès à la sémantique des données.

  • Recommandation un peu hâtive, présentant quelques défauts importants (notamment l’absence de sémantique formelle).

    → faible adoption de RDF

De RDF à RDF§

  • En 2004, le W3C publie un nouvel ensemble de recommandations sur RDF pour remplacer celles de 1999.
  • Pour des raisons de compatibilité avec l’existant, certains aspects sont conservés malgré les débats qu’ils suscitent, mais les défauts considérés comme majeurs sont corrigés.
  • Après cet échec relatif, l’appellation Semantic Web tombe peu a peu en disgrâce. Certains défenseurs de RDF parlent plus modestement de Data Web, puis de Web of Linked Data (2006).
  • En 2014, RDF est plus largement accepté. Le W3C publie une version révisée (RDF 1.1), endossant notamment plusieurs syntaxes concrètes.

Source image : W3C

Le mouvement OpenData§

Toute donnée publique (gouvernementale, ONU) ou publiée (scientifique) devrait être accessible sous une forme permettant le traitement automatique (en plus d’une forme lisible pour des humains).

Linked Open Data§

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Source image : Richard Cyganiak

Les quatre principes de Linked Data§

  • Utiliser des IRIs pour nommer les choses (= ressources).

  • Utiliser des IRIs HTTP pour pouvoir obtenir des représentations de ces ressources.

  • Fournir ces représentations en utilisant des langages et des protocoles standards (RDF, SPARQL).

  • Inclure des liens pour permettre de découvrir de nouvelles ressources.

    d’après Tim Berners-Lee, http://www.w3.org/DesignIssues/LinkedData.html

Ouvrir les données liées§

  • Intérêt des IRIs : tout jeu de données peut référencer des données d’un autre jeu de données
    • réutilisation de l’existant
  • Intérêt des IRIs déréférençable (cool IRIs) : permet de découvrir de nouvelles données sur le mode de l’hypertexte
    • passage à l’échelle
    • importance d’un format commun → RDF
  • Linked open data star scheme
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Source image : DERI

Projet emblématique : DBpedia§

  • Projet lancé par Chris Bizer en 2007.

  • Objectif : extraire les informations structurées (infobox) présentes dans Wikipedia pour les exposer en RDF.

  • En septembre 2013 (version 3.9) :

    The English version of the DBpedia knowledge base currently describes 4.0 million things, out of which 3.22 million are classified in a consistent Ontology, including 832,000 persons, 639,000 places (including 427,000 populated places), 372,000 creative works (including 116,000 music albums, 78,000 films and 18,500 video games), 209,000 organizations (including 49,000 companies and 45,000 educational institutions), 226,000 species and 5,600 diseases.

Informations structurées dans Wikipedia§

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Source image : Wikipedia

Le « LOD cloud »§

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Source image : Richard Cyganiak

En 2007
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Source image : Richard Cyganiak

en 2008
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Source image : Richard Cyganiak

en 2009
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Source image : Richard Cyganiak

en 2010
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Source image : Richard Cyganiak

en 2011
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Source image : Richard Cyganiak

en 2014

Rechercher et explotation des données§

Divergences et convergences§

Ces projets ont le même objectif : rendre le Web plus accessible aux machines.

Bien qu’utilisant initialement des technologies différentes, ils convergent progressivement vers RDF.

Forger des IRIs§

Problématique§

Lorsqu’on publie des documents ou des données sur le Web, on est amené à « baptiser » la ressource correspondante, en lui forgeant un IRI.

Note

Le terme forger (en anglais mint) est une référence à la monnaie : un IRI est comme une pièce de monnaie, une marque (token) qui « vaut pour » autre chose.

Qui peut forger un IRI ?§

N’importe qui ayant l’autorité sur un espace de noms :

  • nom de domaine (e.g. champin.net),
  • sous-espace (e.g. http://liris.cnrs.fr/~pchampin/)

La problématique du nommage des entités représentées se pose quel que soit le formalisme.

Interlude§

`I don’t know what you mean by “glory,”’ Alice said.

Humpty Dumpty smiled contemptuously. `Of course you don’t – till I tell you. I meant “there’s a nice knock-down argument for you!”’

`But “glory” doesn’t mean “a nice knock-down argument,”’ Alice objected.

`When I use a word,’ Humpty Dumpty said in rather a scornful tone, `it means just what I choose it to mean – neither more nor less.’

`The question is,’ said Alice, `whether you can make words mean so many different things.’

`The question is,’ said Humpty Dumpty, `which is to be master – that’s all.’

Qu’identifie un IRI ?§

Le triangle sémiotique

On peut assimiler :

  • l’IRI au symbole
  • la représentation à l’image
  • la ressource au référent

Cf. le troisième principe du Linked Data

Note

Bien sûr, on peut se poser la question d’identifier la représentation elle-même. Il existe des solutions.

Qui peut nommer une ressource§

Les IRIs ont des propriétaires, mais pas (toutes) les ressources ; pour une ressource données (e.g. la Tour Eiffel), n’importe qui peut donc lui forger un IRI.

→ risque de prolifération de synonymes

Il existe une manière standard de déclarer la synonymie de deux IRIs (owl:sameAs, cf. Vocabulaires et méta-vocabulaires)